Au-delà du ski, quels sont les modèles de transition que les territoires de montagne mettent en œuvre ? Quels bouleversements et reconfigurations cela induit-il ?
Cette série d’articles propose de revenir sur l’accompagnement de neuf territoires pilotes par la Fabrique des transitions, dans le cadre du programme Avenir Montagnes Ingénierie (2022-2024) porté par l’ANCT sur les enjeux de transition des territoires de montagne.
À travers un parcours collectif, l’accompagnement vise à favoriser l’émergence de dynamiques de transition multi-acteurs en mobilisant quatre “Fantastiques” par territoire (un élu, un agent de collectivité, un agent de l’Etat et un acteur socio-économique) et en alliant apports de connaissance, diagnostic sensible, échanges entre pairs et aide au cadrage et à l’initialisation d’un projet pilote.
"La volonté c'est de réunir le cercle le plus large possibles de parties prenantes"
Situé en Région Occitanie, le PETR de l'Ariège occupe un vaste territoire, de la plaine du Lauragais jusqu’aux sommets montagneux à plus de 3000 mètres d’altitude, aux frontières de l’Espagne et de l’Andorre. Il épouse les contours du Département de l’Ariège, exception faite du Couserans et regroupe plus de 120 000 habitants, répartis dans 237 communes au sein de six communautés de communes.
C’est un espace peu urbanisé dans lequel les habitants sont profondément enracinés, où le tourisme apparaît comme familial, accessible, plutôt local. Le territoire compte sept stations de montagne, dont deux espaces nordiques. Il est confronté aux enjeux classiques des territoires de montagne : conflits d’usage liés aux activités aux pratiques agricoles, forestières et de loisirs ainsi qu’à la propriété foncière, difficulté de logement et d’emploi pour les habitants, besoin d’adaptation des métiers et des modèles touristiques.
Dans ce cadre, le territoire a choisi comme projet pilote la conception d’un projet d’événementiel démultiplié en plusieurs lieux dans les montagnes de l’Ariège, pour faire du lien et créer de la coopération autour du thème de la transition.
Comme dans d’autres territoires, les apports de connaissance de l’accompagnement ont plu aux participants - et notamment le fait de combiner des apports assez synthétiques avec des témoignages d’élus.
“Des élus qui parlent aux élus, cela fonctionne” — Marie-Hélène Van Mieghem, Cheffe du Service Connaissance et Animation Territoriales de la Direction Départementale des Territoires de l'Ariège.
Le diagnostic sensible a aussi permis de révéler des tensions et de prioriser des actions, que ce soit dans la définition du projet pilote ou le développement d’un travail autour de la mise en récits du territoire avec des étudiants de Institut Supérieur Hôtellerie Tourisme Alimentation (ISTHIA) de Toulouse.
C’est également sur la base des recommandations du diagnostic sensible que la collectivité a initié un dialogue avec le Département autour de la remise en route d’une Commission Départementale des Espaces, Sites et Itinéraires, facilitant notamment la relance d’un projet de valorisation de la pratique de l’escalade.
Par ailleurs, si le diagnostic sensible a mobilisé un large cercle de parties prenantes, il a également fédéré un noyau dur d’élus qui porte aujourd’hui la dynamique multi-acteurs au sein du territoire.
Les élus qui se sont rencontrés l’ont fait parce qu’il y avait un intérêt commun. Et derrière il y a eu une dynamique qui a permis d’avancer, d’apprendre - et le volet formation a été décisif. [...] C’est vraiment la fédération des élus qui a été importante. — David Anglade, acteur socio-économique.
Les élus ont été moteurs avec une première proposition de projet, basée sur un partenariat avec la communauté de communes. [...] La volonté c’est de réunir le cercle le plus large possible de parties prenantes et de faire le lien entre du local et de l’inter-co, en profitant aussi d’un effet miroir entre les deux collectivités. — Chloé Bourdil, cheffe de projet Avenir Montagnes Ingénierie au sein du PETR de l'Ariège.
Enfin, les acteurs territoriaux se sont emparés de la méthodologie de l’accompagnement (et notamment de la “roue des modes de vie” développée par Florence Busnot Richard et le Collège des transitions écologiques et sociétales, alliés de la Fabrique des transitions) qu’ils souhaitent continuer à employer au service du projet de territoire.
L’outil a fonctionné, il a été approprié par les élus présents. Maintenant il faut qu’on s’appuie dessus pour développer le projet dans toutes ses dimensions : comment il va permettre de travailler sur les autres axes en liens avec les autres politiques publiques et parties prenantes. — Chloé Bourdil, cheffe de projet Avenir Montagnes Ingénierie au sein du PETR de l'Ariège.