Transition écologique : repenser le rôle des médias au sein des territoires

Création de rubriques, lancement d’émissions, mise en avant d’experts… Ces dernières années, les médias ont réalisé différentes tentatives pour mettre l'écologie en avant. Pourtant, ils ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Le chantier "médias" souhaite inviter les acteurs de l’écosystème médiatique (journalistes,  écoles de journalisme et acteurs territoriaux) à réfléchir collectivement à la manière dont l’information doit devenir un levier de transformation.


Le premier objectif est d’interroger les postures. Comment créer du lien et de l’interconnaissance entre les médias et les différents acteurs locaux, notamment les collectivités publiques ? Les journalistes, par peur de perdre leur objectivité, se sont bien souvent (trop) mis au-dessus de la mêlée. Les acteurs, portés par leur volonté de (sur)maîtriser leur communication, se sont parfois enfermés dans des processus de validation et de contrôle de la parole. Résultat : la méfiance est reine et la distance empêche de saisir la complexité des enjeux - un constat d'autant plus prégnant avec la transition écologique et les multiples débats de société qu’elle induit.

Le deuxième objectif est de questionner les rôles des médias au sein des écosystèmes territoriaux. Quelle plus-value - notamment démocratique - peuvent-ils offrir aux territoires ? Quels espaces peuvent-ils créer pour appuyer la société dans les nombreuses mutations qu’elle affronte ? Entre leur rôle de « 4ème pouvoir », toujours vigilants à « mettre la plume dans la plaie » et la  mise en avant d’initiatives positives, les médias ont aujourd’hui du mal à se situer. Au-delà de leur rôle premier d'information, les médias possèdent une capacité rare : celle de mettre en avant les différents points de vue, de les analyser et d’animer les échanges. De ce fait, ils ont toute leur place pour jouer un rôle dans l’animation des coopérations territoriales et favoriser la reconnaissance et la confiance des acteurs en présence. Encore faut-il qu'ils l’acceptent.


Le troisième objectif est de questionner les modèles économiques. S’ils tiennent de nouveaux rôles, comment permettre aux médias d’y trouver une source de financement ? Ils sont nombreux à être à bout de souffle : licenciements, revente à des grands groupes ou à des familles fortunées, manque de visibilité pour les médias de niche… Et in fine, réduction du pluralisme médiatique. La transition écologique est une opportunité pour redéfinir les liens entre les médias et les acteurs territoriaux et trouver de nouvelles sources de revenus. À condition de dépasser la simple relation de prestation pour créer des relations de coopération qui puissent enrichir le porte-monnaie tout autant que le modèle éditorial. Quand on a rien à perdre, peut-on en profiter pour renverser la table ? 

Le chantier "médias" s'appuie sur les réflexions menées avec Territoires Audacieux, notamment à travers l'expérimentation du Grand Bergeracois Audacieux : un média au service des coopérations locales créé avec le PTCE La Fab’Coop et l'association Le Rameau. Mises en débat et en perspective, ces observations de terrain feront l’objet d’une réflexion visant à aboutir à une charte et à une publication à la fin du chantier, dans le but de proposer une nouvelle manière de coopérer entre les médias et les acteurs locaux d’un territoire au service de la transition écologique.