Avec l’ensemble des territoires de la cohorte représentés, la deuxième journée en présentiel qui s’est tenue le 4 février dernier marque un nouveau pic d’engagement pour la cohorte régionale en Grand Est.
Accueillies à la Maison de Région d’Épinal par Patrick Nardin (Maire d’Épinal) et Élisabeth Del Genini (Vice-Présidente de la Région Grand Est), les huit délégations territoriales ont mis en pratique Les 4 Fondamentaux de la conduite de changement systémique, le référentiel qui fonde l'approche de la Fabrique des transitions introduit lors du webinaire précédent.
Comment créer et renforcer les conditions d’engagement, ici et maintenant ? Comment agir en coopération, tenir le cap et la durée collectivement ? Comment mettre en oeuvre la systémie, impliquer les acteurs et élargir le cercle progressivement ? Et enfin, comment évaluer la valeur créée, s’intéresser aux effets de l’action sur le temps long ? Au programme, trois ateliers : un tribunal fictif animé par Impro Santé, des échanges entre pairs et un temps de travail en délégation sur les projets pilotes de chaque territoire.
La transition écologique est-elle compatible avec le modèle économique actuel ?
"Notre modèle économique est incompatible avec la transition écologique" : c'est à partir de cette déclaration controversée que les participants ont été invités à débattre, sous la forme d'un tribunal fictif animé par Impro Santé. L'occasion d'initier une réflexion sur l'un des enjeux cruciaux de la transition et d'intégrer les problématiques propres aux acteurs socio-économiques.
Les participants se sont répartis en trois groupes : un groupe "pour" et un groupe "contre" l'affirmation proposée, ainsi que des jurés chargés de trancher le débat à partir des plaidoiries des uns et des autres. Le groupe qui défendait la compatibilité du modèle économique actuel avec la transition s'est appuyé sur les actions déjà mises en oeuvre par les entreprises en faveur de la transition, la valeur des emplois qu'elles créent et l'étendue des opportunités offertes par le système en place, à travers un argumentaire plutôt rationnel. Le groupe qui défendait l'incompatibilité du modèle économique actuel avec la transition s'est quant à lui appuyé sur l'épuisement des ressources, les enjeux de santé et les inquiétudes pour les générations futures, accusant notamment l'autre groupe de "verdir le capitalisme", à travers un argumentaire plutôt émotionnel.
Lors de la délibération, les jurés ont finalement donné raison au groupe défendant la compatibilité du modèle économique actuel avec la transition écologique, forcés de reconnaître que leurs arguments étaient plus factuels et raisonnés, tandis que ceux de l’autre groupe faisaient davantage appel à l’émotion et à la notion d’engagement, sans parvenir à défendre une vision claire de la transition.
En conclusion, Julian Perdirent (Directeur de la Fabrique des transitions) a souligné le besoin de consolider et de rationaliser notre discours sur la transition écologique, ainsi que notre difficulté à nous emparer de la question économique qui est pourtant fondamentale. Comment créer de la valeur tout en respectant les limites planétaires et en répondant aux enjeux sociaux ? Qu’est-ce qui compte vraiment ? Il s’agit d’arrêter de confondre fins et moyens et de reconnaître aussi la valeur d’usage ou sociale, au-delà de la valeur monétaire. Les bénéfices liés à la coopération ou aux impacts sociaux positifs ne sont par exemple pas comptabilisés dans le modèle actuel. Quels seraient des projets pilotes du futur au service de la transition écologique, qui pensent leur rentabilité du point de vue à la fois économique, social et environnemental ? L’accompagnement en cohorte offre justement des espaces pour mener cette réflexion collectivement et éviter de tomber dans un discours descendant, qui pourrait nourrir des oppositions réactionnaires.
Échanges entre pairs : faciliter les coopérations entre les acteurs territoriaux
Depuis le début de l’accompagnement, des échanges entre "pairs" ponctuent les rencontres, à savoir des temps ou les "4 Fantastiques" qui composent les délégations territoriales (les élus, les agents de collectivités, les agents de l'État, les acteurs socio-économiques) se retrouvent par typologies d'acteurs pour partager leurs problématiques spécifiques, avant de les transmettre d'une même voix aux autres lors d'une agora finale. Le but ? Dépasser les approches individuelles pour nourrir une réflexion commune, en considérant que c’est à partir de la mise en dialogue des rôles, enjeux et attentes de chacun que le collectif pourra trouver des solutions pour améliorer de manière durable ses relations de coopération.
Lors de cette séance, les participants ont été invités à partir des constats formulés lors des sessions précédentes, à identifier les autres « Fantastiques » qui y sont liés et à la leur adresser un message. Par exemple, dans le cas d’un blocage, tel « Fantastique » est-il également concerné par la situation, à l’origine du problème ou au contraire un levier pour trouver une solution ? Un nouveau temps entre pairs lors du webinaire suivant a ensuite permis d’étayer les arguments en les illustrant par des éléments de contexte, en vue de l’agora.
Projet pilote : comment le construire ?
Dans le cadre de l’accompagnement, tous les territoires sont amenés à initier un projet pilote pour incarner la vision du territoire en matière de transition et mettre en oeuvre les bonnes pratiques acquises en termes de conduite de changement. Pour ce faire, ils s'appuient sur les recommandations issues de l'analyse sensible dont ils ont bénéficié, qui dresse un état des lieux des conditions de portage et de pilotage de la transition sur le territoire, à partir d'une série d'entretiens qualitatifs.
Quelles sont les relations de coopération entre les acteurs et leur niveau d’engagement ? Quelles sont les forces et les faiblesses du territoire et des politiques publiques menées ? Quelle vision de l'avenir et quelle gouvernance pour y parvenir ? Le projet pilote est l'occasion d'expérimenter de premières réponses et d'initier des bons réflexes pour la suite.
En s'appuyant sur les fondamentaux de la conduite de changement systémique, les participants se sont interrogés sur leur maturité en matière d'engagement des acteurs, de coopération, d'approche transversale (systémie) ou encore d'évaluation. L'atelier a également été l'occasion d'échanger au sein de chacune des délégations territoriales sur ce que les uns et les autres attendent du projet pilote.
Retour comique sur la journée
Pour conclure la journée, Donovan Creusot (Impro Santé) a invité certains participants à se joindre à lui dans une improvisation comique, pour réinterpréter des temps de la journée. Une manière ludique de restituer les échanges qui a permis de se quitter avec le sourire !
Les Dispositifs