Les territoires de la cohorte régionale en Grand Est se sont retrouvés à Nancy le 24 juin pour la dernière journée collective de l’accompagnement mené par la Fabrique des transitions, avec l’appui de Citoyens & Territoires et le soutien de l’ADEME et de la Région Grand Est.
« On ne peut pas se tenir au balcon et se voir passer en même temps »
Comme l’a rappelé Achille Noupeou (Assoal), grand témoin de la journée avec qui la Fabrique des transitions coopère dans le cadre du programme Villes Résilientes avec les villes de Loos-en-Gohelle (France) et Yaoundé VI (Cameroun), « on ne peut pas se tenir au balcon et se voir passer en même temps ». Lors de cette journée, les territoires de la cohorte régionale en Grand Est ont donc été invités à quitter la frénésie de la rue pour rejoindre le poste d’observation privilégié du balcon et apprécier le chemin parcouru tout au long de l’accompagnement, notamment à travers une série d’ateliers pensés avec l’évaluateur embarqué Quadrant Conseil : un premier sur le récits que les participant·es font du parcours, un second sur les effets qu’ils et elles identifient et un troisième sur les recommandations qu’ils et elles souhaitent adresser pour améliorer la mise en oeuvre des politiques de transition.
En termes de messages, il en ressort le sentiment de ne pas être écouté·es ni encouragé·es par les échelons politiques supérieurs, notamment nationaux – et une critique acerbe des appels à projets qui ne s’adaptent pas aux enjeux des territoires. Également une certaine gratitude de participer à l’accompagnement, une volonté de faire mieux et de créer une nouvelle ingénierie pour mettre en oeuvre les transition. L’importance du rapport au temps a été fortement soulignée, à la fois le temps long des démarches à déployer et le temps court des projets qui fédèrent et font du lien sur les territoires : l’étoile vers laquelle tendre et les cailloux blancs qui pavent le chemin. Enfin, le besoin d’améliorer le rapport aux autres et le rapport entre échelles, pour mieux travailler ensemble.
Porter les transitions depuis les ruralités
Ces besoins, ils sont communs à tous les territoires mais encore plus prégnants dans les espaces ruraux qui caractérisent la Région Grand Est, alors même qu’ils ne sont pas plus réfractaires à la transition écologique qu’ailleurs, contrairement à ce que le discours médiatique dominant pourrait laisser penser. Ce sont en tout cas les conclusions de l’enquête réalisée par Familles rurales qui a introduit la table ronde lors de laquelle Denise Buhl (Vice-Présidente de la Région Grand Est) et Rosalie Geiger (Direction régionale ADEME Grand Est) sont revenues sur les dispositifs qu’elles portent.
Le Pacte des ruralités développé par la Région Grand Est, dans lequel s’inscrit l’accompagnement en cohorte régional, a justement été pensé pour s’adapter aux besoins des territoires, à partir des intercommunalités. Il est le fruit d’un travail de co-construction avec les acteur·ices territoriaux et vise notamment à répondre aux enjeux de mobilité, de préservation du cadre de vie et de l’environnement, de développement d’une agriculture de proximité et d’attractivité économique. C’est par exemple dans ce cadre qu’une vingtaine de projets s’attachant à restaurer la biodiversité ont été soutenus, à travers la création d’abris à hirondelles, la plantation de vergers ou de haies.
L’ADEME, quant à elle, s’adapte aux besoins des territoires ruraux en renforçant leur ingénierie, notamment en finançant des postes au sein de collectivités, comme ceux des conseillers en énergie partagée, mais aussi des actions externes comme des études ou des relais via des structures spécialisées. À travers le réseau « élus pour agir », elle renforce la sensibilisation aux enjeux de transition dans chaque territoire et outille les élu·es et les agent·es des collectivités. Elle travaille également les enjeux de coopération et de systémie en soutenant des programmes tels que l’accompagnement en cohorte régional en Grand Est et les projets transversaux comme les Projets Alimentaires Territoriaux et Air-Climat-Sol-Énergie avec les chambres d’agriculture locales, ou la cellule France Mobilité Grand Est.
Pour compléter la table ronde, Claire Poinssignon (Citoyens & Territoires) et Julian Perdrigeat (La Fabrique des transitions) ont rappelé l’esprit qui préside à l’accompagnement du changement sur le temps long. Celui de la confiance, que ce soit avec les territoires accompagnés ou avec les organisations qui soutiennent ces démarches, qui a notamment permis à Citoyens & Territoires de développer un programme d’accompagnement de collectivités sur la thématique de la mutualisation à l’échelle inter-communale avec le soutien de la DREAL, dont l’Appel à Manifestation d’Intérêt est actuellement reconduit. Et celui du compagnonnage, dont la relation de réciprocité qu’il induit nourri l’alliance de la Fabrique des transitions. « Plus nous serons nombreux·ses à se dire mutuellement que ce que nous faisons collectivement a de la valeur, plus nous serons à l’aise pour l’assumer haut et fort auprès de tous·tes et ‘faire système’ ».