L’histoire

Loos-en-Gohelle : du noir au vert

Terre d’innovation écologique et sociale depuis les années 1980, Loos-en-Gohelle est une commune minière des Hauts-de-France anciennement sinistrée, qui est devenue ville pilote de la transition et a été reconnue "démonstrateur national de la conduite de changement vers la ville durable" par l’ADEME en 2014.

De la première édition du festival des Gohelliades en 1984 à l’inscription du Bassin minier au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012, de la révision du Plan d’occupation des sols entre 1995 et 1999 à l’adoption de la Charte du cadre de vie en 2000, la culture et l’implication habitante ont été déterminantes dans la capacité des acteurs locaux à se réapproprier leur histoire et leur territoire pour réinventer leur avenir. C’est bien en renouvelant la manière de mener des politiques publiques au sein de la collectivité pour instaurer une culture “d’habitants-acteurs” et en s’inscrivant dans une approche patriomoniale du bassin minier que la ville de Loos-en-Gohelle a pu engager sa transition.

Le premier travail d’évaluation de la trajectoire de la commune (ou “code source lossois”), réalisé par Quadrant Conseil et l’ADEME en 2016, souligne plusieurs facteurs explicatifs et s’interroge : cette méthode de conduite de changement est-elle reproductible ? Comment identifier des principes directeurs — des “invariants” — qui pourraient s’appliquer à tous les territoires qui n’ont pas le même contexte mais qui obtiennent des résultats similaires ?

C’est pour répondre à cette question que la ville de Loos-en-Gohelle initie la démarche “villes pairs : territoires pilotes de la transition” avec le soutien du laboratoire ATEMIS.

Les “villes pairs”

Comment impulser, conforter et généraliser un changement de trajectoire du mode de développement à l’échelle des territoires ? Comment déployer la transition écologique, économique et sociale dans nos modes de vie, nos modes de production, nos modes de pensée ?

Les diverses trajectoires de transition, qui reposent toutes sur des “communautés de confiance constituées autour de valeurs” partagées ne sont-elles finalement pas toutes fondées sur “les mêmes ressorts conceptuels et méthodologiques” ? Malgré la “diversité des réponses territoriales apportées”, des “invariants” ne sont-ils pas identifiables ?

En 2018, le premier atelier “villes pairs” réunit des élus, des agents et des acteurs socio-économiques de quatre communes pionnières des transitions en France : Malaunay, Le Mené, Grande-Synthe et Loos-en-Gohelle. L’année suivante, il s’élargit à une dizaine d’autres territoires d’échelles supérieures (intercommunalités, métropoles, régions…), ainsi qu’à un “groupe miroir” composé de différents acteurs travaillant sur les transitions (chercheurs, institutions étatiques…).

Ensemble, ils identifient quatre grands principes d’action, communs à tous les territoires qui ont mis en place des dynamiques de transition systémique sur le temps long :

• S’appuyer sur l’engagement des acteurs du territoire.
  
• Agir de façon intégrée, s’intéresser aux effets systémiques de l’action.
  
• Travailler en coopération.
  
• Évaluer la valeur créée et travailler à l'émergence d’un nouveau modèle économique.

Par ailleurs, l’atelier formule la nécessité d’inscrire les transitions de manière transversale dans la construction des projets de territoires et de s’appuyer sur le transfert d’expériences entre territoires pour favoriser les changements d’échelle.

Ainsi, ce travail structurant inspire Les 4 Fondamentaux de la conduite de changement systémique qui fondent aujourd’hui l’approche de la Fabrique des transitions et préfigure la dynamique d’alliance qu’il appelle de ses voeux dès sa conclusion.

Un espace tiers ou tiers-espace à naître du maillage des villes et territoires pilotes, qui co-construisent un dispositif commun de pilotage et de retour d’expérience, utile à l’approfondissement et à la pérennisation de leur transition. [...] Cet espace de reconnaissance et de soutien de l’engagement, centré sur la dynamique des territoires, sera un lieu créateur d’opportunités, générateur de transformations individuelles et collectives, un cadre de coopération.

Pour en finir avec l’impuissance

Nous, acteurs divers engagés dans la transition des territoires, pensons que le temps est venu d’unir nos forces, nos réseaux, nos expériences, notre énergie pour contribuer à ce changement d’échelle, en accompagnant les nombreux territoires désireux d’avancer dans la transition et en constituant une force capable de provoquer les changements nécessaires à tous les niveaux. De nombreux appels émergent en ce sens, mettons nous en coopération !

L’appel de la Fabrique des transitions, publié en 2020 par La Croix et Socialter à travers la tribune “Pour en finir avec l’impuissance, développons ensemble une fabrique des transitions territoriales”, est signé par plus d’une centaine de personnes, représentants d’organisations et de réseaux des transitions et d’entreprises, élus et agents de collectivités territoriales et d’institutions étatiques, chercheurs et membres de la société civile.

Il introduit la charte d’alliance rédigée dans le même temps, qui définit les objectifs stratégiques de la Fabrique des transitions, ses valeurs et modes d’organisation, et concourt à la création d’une association chargée de l’animation et du développement de l’alliance. C’est le lancement officiel de la Fabrique des transitions !

Une expérimentation en continue

Des “villes pairs” à la création de l’alliance, des premières communautés apprenantes sur la mise en récits ou les fabriques locales aux accompagnements expérimentaux du Département du Puy-de-Dôme ou de la Ville de Lyon, du parcours d’accompagnement en cohorte Territoires pilotes à l’échelle nationale aux parcours d’accompagnements en cohortes régionaux, la Fabrique des transitions se développe pas à pas, en expérimentant continuellement depuis 2020.

L’Assemblée des alliés 2023 a célébré les trois premières années de l’alliance et marqué le passage d’un premier cycle triennal à un second. D’ici 2027, la Fabrique des transitions souhaite renforcer son action en faveur du changement d’échelle des transitions, à travers le transfert de principes directeurs et d’expériences entre territoires, et en intensifiant la documentation de ses interventions.

Elle souhaite également faire évoluer sa gouvernance vers des formes encore plus coopératives et diversifier son modèle de financement.

Pour aller plus loin